Publié le 29/06/2022

Saint Colomb de Lauzun : grandeur d’un petit club

   Une commune rurale de 470 habitants. 60 licenciés au club de football. Un terrain creusé dans la pente, entouré de champs de blé et de vergers. Des vestiaires et un foyer tout neufs grâce aux efforts de tous. J’ai eu la chance en tant que vice-président du district d’assister à l’assemblée générale de ce club. Une bouffée d’air pur. Un moment de grâce. Une bénédiction.

   Ici le président ne fait pas de longs discours, il ne lit pas un texte écrit à l’avance, il n’a pas de notes. Il présente les deux ou trois grandes actions des dirigeants, en particulier l’éclairage du terrain d’entraînement, « on a remplacé l’éclairage d’une deux chevaux par celui d’une ferrari. » plaisante-t-il. Les dirigeants ont dû se retrousser les manches pour finaliser ce projet.

   Ici le trésorier donne des chiffres précis, au centime près et tend le grand cahier rouge des comptes pour qui veut le consulter. Peine inutile : ici on fait totale  confiance à celui qui tient les comptes. Ici, il n’y a pas de caisse noire, pas d’argent donné sous la table. On est tous des bénévoles, tous des bienveillants. Le covid a empêché la poule au pot et le réveillon organisés chaque année : des recettes en moins mais on s’en remet. Ici la buvette n’est pas rentable : la convivialité et l’amitié autour d’un verre importent plus que la recette.

   Ici les éducateurs ont longtemps la parole, ils exposent le déroulement de la saison, ses hauts et ses bas… avec précision, avec passion, sans excès et sans regrets. L’équipe fanion évolue en première division district, elle rencontre des clubs aux effectifs et aux moyens cinq à dix fois supérieurs. Elle descend, de très peu, première relégable laissant trois équipes derrière elle mais cette saison il y a malheureusement quatre descentes. Aucun départ cependant de joueurs n’est programmé, on reste fidèle à son maillot et à son club. Le coach de l’équipe une et de la deux s’entendent et collaborent à merveille. Il est arrivé que la une parte à 12 ou 13 joueurs afin que la réserve puisse présenter onze joueurs sur le terrain. Malgré les difficultés multiples, les deux équipes seniors ont bouclé leurs championnats respectifs. Ici les valeurs sont partagées par tous  : humilité, combativité et solidarité. Ici pas de starlettes, pas de paillettes. On veut gagner, on fait tout pour gagner mais on accepte la défaite sans hurler au complot, sans insulter l’arbitre.

   Ici l’assemblée est fournie, plus de quarante personnes, des joueurs pour la plupart, des seniors qui s’intéressent à leur club, quelques petits assis sagement au premier rang. Ici le maire connaît tous les membres du club tout comme le responsable des sports de la communauté de communes des pays de Lauzun. Aucun d’eux ne s’impatiente, ils ne pianotent pas sur leur portable, ils écoutent avec attention, leurs interventions montrent leur parfaite connaissance du club et leur souci sincère de l’aider et le soutenir. Ils restent jusqu’à la fin et partagent le pot de l’amitié.

   Ici Anthony Rouault a débuté le foot, Anthony, le meilleur jeune du département de toutes ces dernières années, professionnel au TFC,  espoir du foot français, couronné meilleur défenseur central de la ligue deux à 20 ans. On comprend mieux Anthony, son incroyable humilité, ses valeurs inaltérables quand on voit le club qui l’a vu éclore, quand on voit son père, le trésorier que j’ai évoqué plus haut et qui a été son premier entraîneur. Anthony a joué jusqu’à 14 ans à Saint Colomb. Il n’a pas changé de club dès 11ans, comme le font certains jeunes de notre département, il n’a pas rejoint en janvier  le club qui avait remporté la première phase d’un championnat : pas de mercato d’hiver pour lui, pas de mercato de juillet non plus. Il est resté fidèle à Saint Colomb aussi longtemps que nécessaire. Il a seulement fréquenté la section sportive de Miramont où il a développé son immense talent. Je me souviens parfaitement de la première fois où je l’ai eu à l’entraînement à Miramont, je me souviens de son pied magique, de ce ballon qui ne le quittait pas. Aujourd’hui encore à la moindre occasion, quand il est en Lot-et-Garonne, il suit ses copains de son club d’enfance lors de leurs matchs, il a donné aussi en toute discrétion le coup d’envoi des finales du district à Nérac.

   Oui, il existe des petits clubs qui sont vraiment grands, ils font honneur au football et au sport. Saint Colomb en est le parfait exemple. Ici on ne se plaint pas, ici on ne pleurniche pas, on ne se prend pas pour un autre; ici on joue, ici on rit et on remercie.

    Jean François Labourdette.  Vice-président du district