Le devoir d’accueil
Publié le 20/09/2023
De nombreux clubs du Lot-et-Garonne refusent en cette rentrée des jeunes qui veulent pratiquer le foot et déclarent les inscriptions closes. Le phénomène touche les clubs importants comme les petits. On avance les mêmes arguments : manque d’éducateurs, manque de terrains. On voit ainsi des gamins de sept ou huit ans repartir en pleurant, des parents insulter les bénévoles qui s’occupent du club, réactions aussi insupportables les unes que les autres. Evidemment cette situation est complexe,variée et différente selon les clubs et les territoires et sans aucun doute difficile à résoudre. Cependant on ne peut pas s’en satisfaire et on doit tout tenter, explorer toutes les pistes pour accueillir tous les enfants qui souhaitent jouer au foot.
Réfléchissons d’abord au manque d’éducateurs, cas extrêmement fréquent qui justifie le refus d’inscriptions nouvelles. Il arrive, plutôt d’ailleurs dans les clubs importants, qu’il y ait deux éducateurs sur un groupe de 12 ou 15 jeunes, le groupe des « meilleurs » évidemment et un seul éducateur pour le groupe suivant des « moins bons » beaucoup plus nombreux, jusqu’à 30 jeunes parfois. Tout le monde veut bien s’occuper des équipes une et personne des équipes B et C. La solution existe pourtant : réunir tous les jeunes du même âge, constituer trois groupes de niveau et les faire tourner dans trois ateliers différents. Pour ce faire, il faut cesser d’être attaché à une seule équipe et prendre en considération la catégorie entière. Pour la préparation du match, un entraînement sur les trois, le dernier plutôt, ou une partie d’entraînement s’il y en a deux, suffit largement car c’est la formation individuelle et l’éducation du jeune qui compte beaucoup plus que le gain du match le dimanche. Quand le club possède une éducateur « salarié » sous quelque forme que ce soit, cet éducateur peut entraîner des groupes différents à des heures et à des jours différents. Il faut essayer aussi par tous les moyens de trouver de nouveaux éducateurs, ne pas hésiter à réunir les parents et les mettre devant leurs responsabilités pour donner un coup de main, regarder parmi les vétérans, les anciens joueurs, demander à des U15, U16… d’aider à l’encadrement des plus petits, contacter la mairie de la commune pour voir si elle ne peut pas apporter une aide quelconque.
La question des terrains ensuite : il est nécessaire de parler d’espaces d’entraînement plutôt que de terrains, un quart de terrain suffit pour entraîner des U8. On peut jouer sur les horaires, sur les jours pour avoir des espaces disponibles pour s’entraîner. Pour ce faire il faut sans doute rompre avec certaines habitudes.
Résumons les pistes à explorer pour encadrer tout le monde. On peut faire sauter la structure équipe pendant la semaine, à l’exception d’une séance ou d’une partie de séance, pour la remplacer par des groupes d’âge et de niveau et un apprentissage par ateliers, on peut rééquilibrer les groupes numériquement ( des groupes de 10 à 15 jeunes ), on peut demander aux éducateurs disponibles ou défrayés de prendre en charge d’autres groupes que le leur, on peut réunir, responsabiliser les parents pour accompagner, encadrer, voire entraîner sous l’autorité de quelqu’un de formé les jeunes ( les parents sont souvent présents au bord du terrain pendant l’entraînement, on peut sans doute faire appel à certains d’entre eux ), on peut voir avec la municipalité si elle peut aider à l’encadrement des jeunes sous une forme ou sous une autre, on peut utiliser différents jours, différents horaires, différents espaces pour accueillir tout le monde.
Nous sommes parfaitement conscients que c’est plus facile à dire ou à écrire qu’à faire, qu’il y a toujours des obstacles inattendus qui se présentent mais il est nécessaire de tout essayer, en faisant preuve d’imagination, en sortant des habitudes. On ne doit pas se décourager. De toute façon, sans espérance, on n’atteint jamais l’inespéré.
JF Labourdette. Président de la commission technique