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Publié le 03/03/2022

L’éducateur de jeunes et la compétition

 

1/ La valeur de la compétition

   La compétition sert de motivation aux joueurs, elle est l’objectif à poursuivre et à réaliser.  Avec le plaisir auquel elle ne s’oppose pas puisqu’elle apporte du plaisir, elle est une donnée essentielle, quasi naturelle du sport : on aime à se mesurer, à se comparer, à s’évaluer. Elle est rencontre avec l’autre, avec les autres qui ne sont pas les partenaires de l’entraînement, elle est découverte et nouveauté dans un cadre différent. Enfin elle est la validation, la confirmation de l’entraînement. Seule la compétition révèle le vrai niveau des joueurs et de l’équipe.

   Cependant la compétition doit être maîtrisée, éducative et formatrice, en particulier chez les jeunes. Il ne s’agit en aucun cas de gagner à tout prix, de jouer en U13 ou U14 la coupe du monde à chaque match. L’enjeu ne doit pas l’emporter sur le jeu. On doit s’interdire de s’en prendre à l’arbitre, aux adversaires, voire à ses propres joueurs. On ne doit pas bétonner ou balancer le ballon devant pour gagner n’importe comment. On doit former des jeunes joueurs et si le jeu et l’enjeu restent profondément liés et si l’enjeu donne de la force et de la vérité au jeu, il ne doit pas être le plus important, la formation et l’éducation restent l’essentiel.

2/ L’éducateur face à la compétition

   Pour que la compétition soit maîtrisée, il faut un éducateur qui se maîtrise. Un éducateur excité, aveuglé, affolé par la compétition la rend folle. Certes on ne demande pas une attitude idéale, parfaite et unique à l’éducateur, on ne lui demande pas d’être un muet, une statue ou une machine qui compte le nombre de passes effectuées comme l’exigent certains formateurs qui n’ont jamais entraîné ou vu des joueurs à moins de cinquante mètres, des formateurs qui ignorent tout des hommes et de la compétition. L’éducateur reste un homme, souvent passionné par sa tâche et désireux de réussir et de gagner. Il peut donc être actif sur son banc, parler et conseiller ses joueurs, même si on peut douter de l’efficacité de ces interventions. En fait tout dépend de la personnalité de chacun.

   Cependant il faut des limites à ces interventions de l’éducateur, les limites imposées par le respect. D’abord le respect des joueurs : ses propres joueurs en premier lieu. Il n’est pas question de crier à tort et à travers, de les insulter, de les humilier. Il faut s’interdire les remarques à chaud trop violentes à la mi-temps ou à la fin du match, éviter les « il faut y aller » mais dire où aller et quand, les interventions devant rester liées au jeu? On doit en second lieu respecter les joueurs adverses : ne jamais se permettre des réflexions sur leur niveau, leur allure…On doit s’inquiéter du joueur blessé et se montrer fair-play en toute circonstance. Ensuite il s’agit de respecter l’arbitre. On peut être en désaccord avec une décision, le faire remarquer poliment mais ne pas insister et dans tous les cas accepter la décision et s’interdire tout commentaire offensant et toute insulte. A la fin du match ne pas hésiter à féliciter l’arbitre s’il a été bon, dans tous les cas le saluer et se taire si on considère qu’il n’a pas été à la hauteur. Enfin il s’agit de respecter le jeu, ses règles, son esprit. Ne pas oublier que dans la compétition, il y a une part de chance (le poteau rentrant et le poteau sortant ), que la forme est versatile  et que l’adversaire cherche logiquement à contrarier notre projet.

 

   L’éducateur est celui qui pense à former et à éduquer les jeunes joueurs avant de gagner même s’il ne méprise pas la victoire, il est celui qui se maîtrise, qui se retient, qui s’empêche, quelles que soient les circonstances, et en particulier au moment de la compétition.

   JF Labourdette. Président de la commission technique 47

Par Magali Boyer

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