Mercato des jeunes : les marchands d’illusion
Publié le 28/04/2023
Mercato des jeunes : les marchands d’illusion
Voici venu le temps du mercato : on s’affaire, on se déplace, on observe, on contacte, on appelle, on se donne rendez-vous, on fait des essais, on dispute des tournois, on promet monts et merveilles. Vous pensez qu’il s’agit de seniors, de clubs pros, de clubs régionaux. Non, pas du tout, vous faites erreur. On parle de jeunes de 11, 12, 13 ans, de jeunes de notre département, le Lot-et-Garonne. Nos recruteurs « professionnels » promettent au joueur repéré un avenir doré, une possibilité de devenir pro, s’il signe dans leur club. Souvent les parents sont abusés par ces discours radieux, séduits en fait par ce que, au plus profond d’eux-mêmes, ils rêvent d’entendre.
Quelle est la réalité ?
La possibilité de devenir pro existe bien sûr mais elle est infime, voisine de zéro. De plus, ce n’est pas avant 15 ans qu’on peut avoir une idée sérieuse de l’avenir du jeune joueur, et ce sans aucune certitude. Nombreux sont les joueurs très prometteurs à 11/12 ans qui ne confirment pas à 15 ans. Il est donc illusoire et mensonger de prédire l’avenir d’un jeune de 11/12 ans. Tous les jeunes du département qui sont passés pros se sont affirmés à 14/15 ans et sont restés dans leur club d’origine jusqu’à au moins 14 ans. L’exemple le plus caractéristique est celui d’Anthony Rouault, professionnel titulaire du TFC, qui a évolué à Saint Colomb de Lauzun jusqu’à 14 ans. Ces jeunes qui ont réussi au plus haut niveau viennent de clubs différents : Agen, Boé, Marmande, mais aussi Aiguillon, Fumel, Saint Colomb… tous cependant avaient un point commun : ils étaient pensionnaires de la section sport-études de Miramont.
Ce qui est important à cet âge de 11 à 13 ans – la période du foot à 8 – c’est de s’entraîner régulièrement, au moins deux fois par semaine et que l’entraînement soit de qualité. C’est aussi de jouer dans une équipe d’un niveau convenable. Un petit club pour le foot à 8 peut offrir ces conditions autant qu’un club plus important. Les « grands clubs » n’ont pas le monopole des éducateurs de qualité pour ces catégories, bien loin s’en faut. Il importe, à cet âge, pour l’équilibre et l’épanouissement de l’enfant, de rester avec ses copains, de ne pas faire trop de kilomètres pour aller s’entraîner ou jouer. Aller jouer dans un club éloigné de son domicile peut entraîner des conséquences psychologiques, des répercussions scolaires et sociales néfastes. Par contre quand on passe au foot à onze, quand le club d’origine n’offre plus les conditions d’une progression sportive tant au niveau de l’entraînement que de la compétition, on peut alors muter vers un club plus important à la condition que le jeune ait le niveau pour être titulaire et qu’il ne soit pas bloqué par le nombre des mutés. Si le jeune possède un grand talent, il sera nécessairement repéré, au moins dans la sélection départementale, quel que soit le club auquel il appartient. Il n’existe pas de club qui ait le monopole de l’orientation vers le haut niveau. Prétendre le contraire est un mensonge.
Laissons donc les jeunes suivre une progression normale, par paliers, dans leur club d’origine tant qu’ils évoluent dans le foot à 8 et qu’ils y rencontrent les conditions pour progresser. Parents, ne vous laissez pas abuser par les marchands de rêves.
JF Labourdette. Président de la commission technique.