Hommage à Christophe Debaty
Publié le 10/10/2022
Terrible nouvelle : Christophe Debaty nous a quittés subitement, fauché à cinquante-trois ans. Tous ceux qui l’ont connu sont dévastés. Je me souviens si bien de lui à la section sport-études de Miramont où nous l’entraînions, Alain Martin et moi. Il avait quinze ans. Déjà on le surnommait « le père ». Il appartenait à cette génération dorée, celle de Denis souleillebou, de Philippe Canado, Luis Gomez, Ludovic Ratteni, William Dalby… Elle précédait une autre génération dorée, celle des Cerruti, Biras, Bernadou, Georgelin, De Luca, Izoulet, Lumalé, Garnier, des frères Arnaud… Les surnoms fleurissaient dans l’amitié des dortoirs : le diable, le loup, canard, bibi, le den’s, le belge. Lui, c’était « le père ». Christophe appartenait à cette première lignée de gardiens d’exception qui ont été pensionnaires à Miramont : Vincent Vansevenandt, Philippe Lafon, Cyril Holod, Benoît Rispal…
Je me souviens de sa tenue jaune qui devenait totalement noire les jours de terrains boueux, jours qui n’étaient pas rares à Miramont. Il sortait de l’entraînement tout crotté de la tête aux pieds, seuls ses yeux clairs riaient et brillaient sur son masque de boue. Il prenait un malin plaisir, un plaisir enfantin, à plonger, à sortir, à glisser, à sauter, à tacler sur ce sol gorgé d’eau, transformé en bourbier au bout de quelques minutes. Je me souviens de ce sourire qui illuminait son visage et ses partenaires, un sourire qui ne le quittait jamais. Je me souviens de cette gentillesse jamais démentie, de cette bonhomie lumineuse, de ce rire franc, bruyant et éclatant, de cette camaraderie radieuse et contagieuse. Je me souviens de cette incomparable motivation, de son engagement, de son courage et de sa rage à ne pas encaisser de but. Il épuisait les attaquants, il épuisait ses entraîneurs. Alain Martin , pourtant infatigable et intraitable à l’entraînement des gardiens, n’en revenait pas : Christophe n’en avait jamais assez, il fallait l’entraîner encore et encore. Il fait partie de ces joueurs qu’un éducateur n’oublie jamais. Notre chance a été grande de pouvoir l’entraîner. Toute aussi grande a été la chance de ceux qui ont joué avec lui. Salut à toi, « Père ». Ton sourire et ta gentillesse ne cesseront jamais d’éclairer les cœurs et les mémoires de ceux qui t’ont connu.
Jean François Labourdette