Publié le 06/06/2023

L’éducateur a deux missions essentielles: transmettre un savoir et faire intérioriser des règles et des comportements. Eduquer, c’est élever, faire progresser, rendre meilleur. L’éducation met en jeu trois éléments: l’éducateur, l’éduqué et le savoir à transmettre, trois éléments qui doivent être pris ensemble et qui sont en interaction. Celui qui ne s’occupe que du savoir et oublie l’éduqué n’est pas un  éducateur pas plus que celui qui ne s’occupe que de l’enfant et oublie le savoir à transmettre. Il en est ainsi du prof qui plongé dans son livre et dans ses notes ne voit pas l’élève et l’ignore comme de celui qui ne voit que l’élève et oublie totalement le livre. Ces considérations générales valent aussi évidemment pour l’éducateur de football.

   L’éducateur doit d’abord être lui-même et utiliser sa personnalité pour la mettre au service du jeune et de son éducation. Il ne doit pas suivre aveuglément un modèle. Etre soi-même n’empêche pas de s’efforcer de réduire certains excès : ainsi celui qui est très interventionniste ou celui qui est très passif doivent tendre à l’être moins. Les jeunes apprécient l’authenticité et l’engagement sincère de leurs éducateurs. L’éducateur doit être curieux, toujours soucieux d’apprendre. De nombreuses sources d’information lui sont offertes : son expérience personnelle, l’observation des autres éducateurs, les ressources numériques et les livres, les stages de formation…  Encore faut-il ne pas se perdre dans toutes ces informations, il est nécessaire de bien les choisir, les hiérarchiser et surtout les mettre à l’épreuve du réel, c’est-à-dire par exemple vérifier si l’exercice retenu fonctionne bien sur le terrain. La curiosité de l’éducateur doit s’étendre aussi aux questions pédagogiques. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans une idéologie. Quand on arrive à se faire comprendre et à transmettre, c’est que la pédagogie choisie est efficace, quelle qu’elle soit. Dans tous les cas une pédagogie ne peut pas se passer d’autorité, une autorité bienveillante évidemment. On ne reçoit pas un savoir quand on ne respecte pas celui qui le transmet.

   Les savoirs que doit transmettre l’éducateur de jeunes sont d’abord techniques car la maîtrise du ballon est le fondement du football et le critère essentiel de la réussite. Si on ne sait pas réaliser le geste technique qui la concrétise, l’intention de jeu, si intelligente soit-elle, ne sert à rien. Il faut ensuite développer l’intelligence tactique, que les jeunes comprennent et sachent répondre aux situations de jeu, jeu à deux, à trois tant offensivement que défensivement. Le travail athlétique se fera pour sa plus grande partie dans le travail technique, tactique et les formes jouées, au maximum donc avec ballon. Il est capital de travailler sur les qualités mentales comme l’attention, l’application, la persévérance car elles conditionnent le développement des acquisitions techniques, tactiques et physiques.

   Il est fondamental que l’éducateur considère le jeune comme une personne, en construction certes, mais une personne unique qui mérite le plus grand respect et qui n’est pas une machine à jouer au foot mais un être qui  a une sensibilité, une histoire, qui appartient à un milieu. Il doit éprouver de l’empathie pour ce jeune, cette capacité à se mettre à sa place, à deviner ce qu’il ressent, tout en gardant la distance et la hauteur nécessaires. Le jeune sent ce que l’éducateur pense de lui et ce sentiment est déterminant pour sa motivation et sa progression.

   Le rôle de l’éducateur est absolument fondamental.  Eduquer est une mission difficile mais  exaltante. On ne peut pas éduquer si on ne se soucie pas des autres. Un éducateur passionné est un éducateur passionnant, une passion réfléchie et intelligente bien sûr.

     JF Labourdette. Président de la commission technique départementale.