Publié le 11/10/2024

Les réflexions présentées ici sont le fruit de l’observation, ces dernières semaines, de quelques entraînements de jeunes. Si elles peuvent paraître négatives, c’est que l’objectif est de relever les points à améliorer et non pas ce qui va bien. J’ai en effet vu aussi des séances de qualité et souvent des séances dont une  partie était bonne et l’autre plus faible. Mais là n’est pas le sujet de ce propos. Le seul souci qui doit nous animer doit être de faire progresser nos jeunes.

   Première observation : le manque d’activité des joueurs, trop de joueurs sont spectateurs et ne font rien. Dans les exercices techniques, ce sont par exemple les colonnes où les joueurs attendent. Dans les jeux, ce sont les équipes à effectif trop nombreux. Le coach peut évaluer l’activité en regardant si ses joueurs sont tous en mouvement, aussi en comptant combien de fois les joueurs touchent le ballon par minute.

    Deuxième observation : trop de discours et de bavardages. Ce défaut rejoint le précédent dans la mesure où pendant que le coach parle, les joueurs ne font rien. Soit les jeunes font semblant d’écouter et ne retiennent rien, soit ils s’agitent. L’entraînement est une activité avec ballon , pas une conférence de presse ou un cours magistral. On ne doit pas intervenir oralement plus d’une ou deux minutes.

     Troisième observation : trop d’entraînement sans ballon. On court pour s’échauffer au lieu d’en profiter pour travailler techniquement. Le travail de motricité peut aussi se faire avec ballon. Cela n’interdit pas pour autant un travail physique sans ballon, en particulier pour les U15 et au-dessus, parce que ce  travail permet de développer les qualités mentales et facilite la mesure. Ce travail ne doit cependant pas être la règle. Le foot est un jeu de ballon et la dimension technique est essentielle pour devenir un joueur de qualité. Il faut insister sur l’apprentissage technique (relation joueur/ballon), en particulier chez les plus jeunes, la technique étant le moyen de réaliser ses intentions tactiques.

         Quatrième observation : des formes jouées sans objectif, on joue pour jouer comme dans la cour de récréation. Pour les plus jeunes, l’idéal est de jouer à 3/3 , 4/4, 5/5 pour être constamment sollicité et développer l’intelligence tactique individuelle. Il faut demander du rythme et des changements de rythme (temps de pressing par exemple). J’ai vu trop de “football en marchant”. On peut aussi varier les espaces ( plus grands, plus réduits ) et les directions de jeu ( largeur, longueur ) Attention au défaut inverse : des formes jouées aux thèmes trop compliqués, trop artificielles, coupées de la réalité du jeu. Si les joueurs ne parviennent pas à réaliser les consignes données, c’est que le thème imposé est trop difficile et qu’il faut le changer, à moins que ce soit les joueurs qui ne s’appliquent pas assez. Par ailleurs, j’ai remarqué que beaucoup de joueurs ne pensent qu’à attaquer, ne participent pas à la récupération du ballon, qu’ils laissent beaucoup trop d’espace à l’adversaire, qu’ils ne sont pas organisés défensivement, que globalement les éducateurs font très peu travailler la dimension défensive, voire pas du tout.

         Cinquième observation : le manque d’exigence et de correction. Exigence dans la concentration, l’application, la précision du geste, le respect des consignes. On ne doit pas se contenter de faire exécuter, il est nécessaire que les joueurs exécutent le mieux possible. Si on demande l’utilisation d’une certaine surface de contact, on doit veiller à ce qu’elle soit effectivement utilisée par le joueur. Pour exiger et corriger, il faut que l’éducateur intervienne, qu’il soit actif, et qu’il ne participe pas comme joueur à l’entraînement. L’animation est essentielle, il ne peut pas y avoir d’entraînement de qualité sans animation. Quant à la correction, elle doit être ponctuelle, précise et pertinente. Elle peut être individuelle et parfois collective lorsqu’on remarque la même erreur chez plusieurs joueurs. En tout cas, ces corrections ne doivent pas se transformer en longs discours et trop faire baisser le rythme de l’entraînement.

   Ce compte-rendu va à l’essentiel et ne possède, je le répète, qu’un objectif, celui d’améliorer nos jeunes, amélioration qui passe nécessairement par l’amélioration de l’entraînement.

       JF Labourdette. Président de la commission technique 47