Pédagogie directive

Publié le 08/12/2021

Défense de la pédagogie directive

 

   La pédagogie directive est dénigrée et attaquée de toutes parts. Elle serait dépassée et appartiendrait au passé. Elle serait le fait de vieux tyrans atrabilaires et attardés, avides d’exercer leur pouvoir. Elle inhiberait et traumatiserait l’enfant qui serait soumis et passif : un pion qu’on déplacerait sur le plan tactique, un automate qu’on corrigerait sur le plan technique.

1/ Ce que n’est pas la pédagogie directive

  Elle ne doit pas être confondue avec l’autoritarisme qui est abus de pouvoir, autorité dévoyée, excessive qui oublie et méprise les jeunes. Elle ne consiste pas à hurler à tort et à travers, à dire tout et n’importe quoi.

2/ Ce qu’est la pédagogie directive

Elle est tournée vers l’enfant, profondément altruiste. La pédagogie directive est une direction intelligente, modérée et ouverte. Elle laisse une liberté à l’enfant qui peut toujours poser des questions et qui n’est absolument pas téléguidé. Elle nécessite évidemment une activité de l’enfant car il y a toujours un moment où il comprend et adopte la consigne, le geste à faire, le choix tactique à effectuer. Pour comprendre, il faut de l’attention et de la concentration, ce qui relève de l’activité. La pédagogie directive est donc aussi nécessairement active.

3/ Les domaines de la pédagogie directive

   Elle peut s’exercer dans tous les domaines. Pas seulement le domaine technique comme on le concède officiellement. On peut la pratiquer dans le domaine tactique aussi, en particulier dans le jeu défensif et dans les formes de jeu dirigé. Dans le domaine psychologique, elle servira à corriger des comportements, à définir certaines règles essentielles…

 4/ Nécessité de la pédagogie directive

  Sans doute est-elle plus nécessaire que jamais car les jeunes d’aujourd’hui sont souvent peu concentrés, peu appliqués et fortement déstructurés. Ils ont par ailleurs une vision très individualiste, très libérale et très médiatique du football.

     Elle s’avère efficace si elle est utilisée à bon escient. Récemment un éducateur du bord de touche a crié à son défenseur latéral de resserrer dans l’axe. En resserrant, le joueur a évité un but. Un conseil tactique indiscutablement directif. Le jeune a aussitôt approuvé et remercié son éducateur du pouce droit levé. A la fin du match, il est venu le voir et l’a de vive voix remercié du conseil donné. Gageons que ce jeune n’oubliera pas le conseil et sa culture tactique en sera définitivement enrichie.

Conclusion.

   La pédagogie active, constructiviste (où le joueur trouve lui-même la solution), libérale (où le joueur est libre et autonome) n’est bien sûr pas éliminée. Elle doit être pratiquée en alternance avec la pédagogie directive et l’autonomie est de toute façon l’objectif final. 

   Mais il ne faut pas être naïf et utopiste : un gamin ne peut pas trouver tout seul les solutions, s’appliquer spontanément, à part quelques rares exceptions, être autonome immédiatement. La pédagogie active d’autonomie convient à ceux qui possèdent déjà une certaine autonomie, un certain savoir. Elle favorise les favorisés. Les autres ont besoin d’être orientés, guidés et dirigés.

   La pédagogie dépend en fait des joueurs, de leur degré d’autonomie, de leur niveau et de leur psychologie. Elle dépend aussi évidemment de l’éducateur, de sa personnalité et de ses compétences. Elle dépend dans tous les cas de la situation, elle est adaptation à cette situation en liaison directe avec les hommes et le terrain. L’efficacité d’une pédagogie se mesure à ses résultats, aux progrès que fait l’enfant. On ne peut l’imposer d’en haut. Il est d’ailleurs paradoxal que les partisans de la pédagogie active l’imposent et pratiquent ainsi ce qu’ils déconseillent, la pédagogie directive. Contradiction évidente entre ce que l’on dit et ce que l’on fait.

  JF Labourdette. Président de la commission technique 47

Par Magali Boyer

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